Les écrits féministes regorgent d'ouvrages concernant la sexualité féminine. L'abondance des textes sur le sujet s'expliquerait par la présupposition suivante: la sexualité féminine serait un lieu privilégié de contrôle et d'oppression des femmes.
À travers l'ensemble de ces écrits, deux grands axes se distingueraient. En effet, des différences sont notées entre le féminisme américain et le féminisme français. Dallery est d'avis que le féminisme américain serait basé sur la perception que l'expérience, l'histoire et la voix des femmes seraient absentes de la plupart des disciplines. Il y existerait un silence des femmes qui permettrait de transposer l'expérience masculine en normes de comportements humains. Ce féminisme serait très politisé, empirique et basé sur l'expérience réelle des femmes. Toujours selon Dallery, le féminisme français, dans la tradition européenne de la philosophie, de la linguistique et de la psychanalyse, croit que le féminin est réprimé, mal représenté dans le discours et qu'une écriture féminine est nécessaire. Sans nier que la voix et l'expérience des femmes seraient absentes, le féminin français suppose que même lorsque le discours parlerait de femmes ou serait parlé par des femmes, il demeurerait que le discours serait parlé avec des codes phalliques, c'est-à-dire, qui appartiendraient et conviendraient aux hommes. Les enjeux théoriques différeraient et amèneraient alors une différence dans le choix des champs d'études et des stratégies d'actions qui se répercuteraient dans les écrits féministes.
En abordant la sexualité féminine, les écrits féministes remettraient en question la conception de la sexualité féminine que nous proposaient les grandes écoles de pensée contemporaines. C'est à la psychanalyse que les auteures se seraient le plus attardées. Elles auraient fait une nouvelle analyse de tout ce qui avait été dit et écrit sur la sexualité féminine. Elles se seraient tantôt concentrées sur l'utilisation du corps des femmes, sur le contrôle des hommes sur ce dernier; tantôt sur le droit des femmes au plaisir et tantôt sur une critique de ce que ne se voulait pas une sexualité féminine. Cependant, les écrits féministes furent davantage des essais littéraires que des écrits scientifiques élaborant une théorie. À l'intérieur de ces essais, les auteures féministes y auraient abordé la sexualité féminine dans un souci de réflexion mais n'y auraient pas développé une théorie circonscrivant entièrement le sujet.
Les écrits féministes furent majoritairement des écrits dans la tradition que nous venons de décrire. Ils dénonçaient un état de fait, démontraient le pouvoir exercé sur les femmes par le biais de leur corps et de leur sexualité, identifiaient le but de ce pouvoir, apportaient une parole de femmes aux sujets les concernant mais dont on n'avait jamais pris la peine de la leur donner, et soulignaient le biais sexiste, biais qui serait défavorable aux femmes, des recherches, études et théories à leurs sujets écrites par les hommes.
Aujourd'hui, nous serions d'avis que les divers courants de pensée féministes seraient arrivés à une autre étape. Ils seraient rendus à décrire, expliquer, nommer ce qu'est la sexualité féminine et ce qu'est être une femme. Maintenant que les auteures ont réagi aux écrits les concernant et qu'elles ont exprimé ce qu'elles n'étaient pas ou ce qui ne leur ressemblait pas, elles se devraient de définir, énoncer, qualifier et proclamer ce qu'elles sont et veulent être.
Dans un deuxième temps, les courants de pensée féministes devront chercher à donner une valeur scientifique à leurs théories. Les écrits devront dépasser l'étape des essais afin de surpasser le point de vue personnel des théories qu'ils tentent d'élaborer. Une théorie devrait avoir la capacité de se vérifier. Les auteures féministes seraient maintenant arrivées à cette étape.